Et si la musique pouvait abolir les frontières entre les espèces ? C’est le pari poétique et engagé de Plumes, musicien folk originaire de Versailles, qui parcourt sanctuaires, refuges et fermes pour chanter aux animaux. De ses premiers accords joués pour des vaches à la campagne à ses tournages avec des chevaux et ses improvisations devant des perroquets, Plumes raconte comment ces rencontres ont transformé sa perception du monde, des animaux… et de lui-même. Rencontre avec un artiste pour qui chanter, c’est créer du lien — qu’il soit humain, animal, ou profondément universel.
Quelle est la première chanson qui vous a donné envie de faire de la musique ?
Je pense que c’était l’album American Idiot de Green Day. J’aimais beaucoup quand j’étais petit, je regardais beaucoup la version live en essayant de reproduire tous leurs gestes, ils m’inspiraient énormément. D’ailleurs c’était un peu une consécration pour moi quand, il y a un peu plus d’un an, j’ai pu chanter avec eux sur scène.
De quels instruments savez-vous jouer ?
J’ai commencé par la batterie quand j’avais 7 ans avec un prof qui était iranien comme moi et qui m’a un peu pris sous son aile. Il m’a fait découvrir plein d’autres instruments, notamment le xylophone et des petits instruments de percussions iraniens. De mon côté, j’ai appris à jouer du piano, du ukulélé et un peu de basse en autodidacte parce que ma grand-mère avait ces instruments chez elle et je m’en servais.
Vous venez donc d’une famille de musiciens ?
Mes parents ne sont pas musiciens mais tous mes oncles et cousins jouent de la musique. Il y a beaucoup de guitaristes dans la famille et même des groupes se sont créés. J’ai moi-même créé un groupe avec mes cousins quand j’étais adolescent et nous faisions des concerts dans des salles à Paris ainsi que des compétitions.
Quel type d’apprentissage avez-vous préféré : En autodidacte ou avec un professeur ?
Je dirais plutôt avec un prof de musique parce que j’ai vraiment eu un super prof qui m’a transmis sa passion pour la musique. J’ai beaucoup aimé apprendre avec lui. D’autant plus que je ne suis pas très studieux donc parfois quand il fallait que j’apprenne des choses par cœur, ça ne me plaisait pas autant mais lui me donnait envie d’apprendre.
Et à présent vous êtes auteur-compositeur-interprète ?
Oui, je fais de la chanson française, de la pop folk. J’écris les paroles, la musique, je fais tout moi-même. Mes chansons sont surtout des chansons d’amour tristes. Mais maintenant que je suis dans une relation heureuse, c’est plus compliqué ! On en rigole souvent avec ma copine, parce que je lui dis que j’ai du mal à trouver l’inspiration depuis que je suis heureux. J’ai beaucoup écrit pendant mes séparations, et j’ai du mal à écrire sur quelque chose de joyeux, ça me touche moins. Mon prochain single sort le 13 juin sur toutes les plateformes et s'intitule Flou.
Y’a-t-il des artistes qui vous ont influencé quand vous avez commencé à composer ?
Oui, j’aime beaucoup The Lumineers, un groupe de folk qui m’inspire énormément. D’ailleurs, il y a une semaine, j’ai eu la chance de faire une vidéo avec leur pianiste : il m’accompagnait à l’accordéon pendant que je chantais l’une de mes chansons. J’aime aussi beaucoup Mumford & Sons. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais à une période de ma vie, j’étais avec quelqu’un qui écoutait énormément de folk, alors je m’y suis mis aussi. C’est un univers dans lequel on peut facilement se perdre. Il y a souvent le même rythme de batterie, une sorte de régularité qui me parle particulièrement, et j’ai eu envie de reproduire ce son que j’affectionne tant. Ce sont un peu mes deux piliers de la folk moderne.
Avez-vous toujours su que vous feriez de la musique ?
Je pense que je l’ai toujours su… Je n’ai jamais été très doué pour autre chose à l’école et de toutes façons même avant de commencer la batterie, quand j’avais 4-5 ans, j’écrivais des chansons que je chantais à tue-tête dans ma chambre !
Comment définiriez-vous votre univers musical en trois mots ?
Pour les deux premiers, je dirais nostalgie et amour. D’autant plus que je suis en train d’écrire une chanson qui parle des premiers amours d’enfance et je vais aller la chanter dans mon ancienne école primaire avec les élèves de CE2 pour chanter en chorale par-dessus. Et puis le troisième mot, je pense que c’est la tristesse.
Que représente la musique pour vous ?
À l’époque, c’était une échappatoire. Je rentrais des cours et si je n’avais pas le moral, je me mettais à jouer, à chanter, et je me sentais tout de suite mieux. Aujourd’hui, ce n’est plus tout à fait la même chose, parce que je ne fais plus que ça. La musique, c’est devenu à la fois ma passion et mon métier, donc elle prend évidemment beaucoup de place dans ma vie.
Préférez-vous jouer seul face à un animal ou devant un public humain ? Pourquoi ?
J’aime les deux, vraiment, mais je crois que je commence à avoir une petite préférence pour le public animal. C’est toujours très intéressant de voir quelle va être leur réaction, parce qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre. Et quand on se rend compte que, grâce au pouvoir de la musique, une interaction devient possible, ce sont des moments magiques. C’est très émouvant pour moi. Je continue d’aimer jouer pour des humains, bien sûr, mais aujourd’hui, je pense que j’ai un léger penchant pour les animaux.
Si la musique disparaissait demain, qu’est-ce qui vous manquerait le plus ?
C’est une bonne question… Je pense que ce qui me manquerait le plus, ce serait d’écouter de la musique en voiture avec ma grand-mère. On fait beaucoup de trajets ensemble, et on a nos petits rituels : on commence par écouter Georges Brassens, parce qu’elle adore, puis on change de CD et on met du Green Day. Ce sont des moments de partage simples mais précieux avec elle, c’est ça qui me manquerait le plus.
Si vous pouviez choisir d’écouter un seul artiste jusqu’à la fin de votre vie, ce serait qui ?
Les Beatles ! Leur répertoire est tellement varié… Et ce que je trouve encore plus impressionnant, c’est qu’ils ne sont restés ensemble que huit ans. En si peu de temps, ils ont laissé une empreinte immense sur le monde. Je les admire énormément. Pour moi, ce sont vraiment les meilleurs.
Pensez-vous que la musique peut être une forme de langage universel, même entre espèces ?
Je m’en rends compte de plus en plus. Souvent, quand on s’installe, les animaux ne viennent pas forcément vers nous. Mais dès qu’on commence à jouer et à chanter, c’est à ce moment-là qu’ils s’approchent et qu’une vraie rencontre devient possible. Je pense que ce sont les vibrations, la musique en elle-même, mais aussi l’intention qu’on y met en chantant. Il se passe quelque chose, et pour moi, c’est vraiment universel.
Vous souvenez-vous la première fois que vous avez chanté pour un animal ? C’était comment ?
Oui, dans ce contexte-là, c’était il y a bientôt trois ans, chez ma grand-mère. J’étais à la campagne avec elle et ses deux sœurs, toutes très drôles, d’à peu près le même âge. Je voulais tester cette idée parce que j’avais lu que les vaches étaient mélomanes. J’avais un peu peur au début, parce que les vaches sont très imposantes. Ma grand-tante y est allée la première, elle m’a dit : « Pas de raison d’avoir peur, regarde », et elle s’est mise à les caresser. Ça m’a donné confiance.
Je me suis approché et j’ai chanté. Cette rencontre a complètement changé ma perception des animaux. J’ai arrêté de manger de la viande le soir même. Parce que je pensais aimer les animaux, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas vraiment le cas. Une fois qu’on voit à quel point ils sont sensibles, leur vraie nature… Pour moi, c’était impossible de chanter pour des vaches et de rentrer à la maison manger du bœuf.
Comment choisissez-vous les morceaux que vous allez jouer à un animal ?
Je choisis uniquement des chansons d’amour, parce que dans mon intention et dans ma manière de chanter, je pense qu’ils peuvent le ressentir, d’une certaine façon. Je privilégie aussi des morceaux doux, qui ne risquent pas de les effrayer. Pour le moment, ça a l’air de bien fonctionner.
Que surveillez-vous chez un animal pour savoir s’il aime ou pas votre musique ?
On ne va jamais directement au contact des animaux. En général, on s’installe un peu plus loin, et on les laisse venir à nous. Donc si un animal s’approche, c’est déjà un bon signe : à priori, ça veut dire que ce n’est pas désagréable pour lui. Il y a aussi d’autres petits comportements qu’on peut observer, comme deux animaux qui se font des bisous alors qu’ils ne le faisaient pas avant la musique. Chez les vaches, par exemple, le fait qu’elles nous lèchent signifierait qu’elles nous accueillent dans leur famille. Il y a plein de choses comme ça… Et puis, je pense que le simple fait de leur proposer quelque chose qu’ils n’ont pas l’habitude d’entendre ou de voir, c’est une forme d’enrichissement pour eux.
Selon vous, pourquoi les animaux réagissent à la musique ?
Je pense que c’est comme pour nous, les êtres humains : ce sont les vibrations, les mélodies… C’est agréable à entendre. Je ne crois pas qu’il faille chercher plus loin.
Jouer pour un animal, a-t-il changé quelque dans votre rapport à la musique ?
Dans mon rapport à la musique, pas forcément. Mais dans mon rapport à la vie, oui, énormément. J’ai l’impression d’être devenu beaucoup plus sensible à ce qui m’entoure, aux gens, aux émotions. Aujourd’hui, j’essaie d’être plus doux, plus gentil. Les animaux m’ont beaucoup appris.
Qu’est-ce qui est plus intimidant : jouer pour une vache ou un public humain ?
Aujourd’hui, les vaches je les connais bien, elles sont très douces et gentilles, donc elles ne m’intimident plus. Mais chaque fois que je rencontre un nouvel animal, je ne sais pas comment il va réagir, ni à quoi m’attendre, et ça peut être un peu impressionnant — comme avec les éléphants ou les girafes, par exemple. Cela dit, pour le moment, c’est toujours devant les humains que j’ai le plus peur.
Il y a un animal pour qui vous rêvez de jouer sans en avoir encore eu l’occasion ?
J’ai un peu réalisé toute ma "wishlist" d’animaux, mais les éléphants, je les ai seulement rencontrés de l’autre côté d’une barrière. J’aimerais vraiment pouvoir un jour être en contact direct avec eux, peut-être leur rendre visite dans un sanctuaire en Thaïlande. Ce serait vraiment super chouette.
Faites-vous une différence entre jouer dans un refuge, un zoo ou en pleine nature ?
Oui, je fais une différence. Mes endroits préférés, ce sont clairement les refuges et les sanctuaires, parce que ça correspond aux valeurs que je défends. Quand je vais dans un zoo, je m’assure d’abord que les animaux sont traités du mieux possible, parce que le concept même du zoo, ce n’est pas quelque chose avec lequel je suis entièrement à l’aise. Cela dit, je me dis que la visibilité que j’apporte en jouant pour les animaux peut aussi servir à créer du lien avec des associations ou des bénévoles engagés dans la protection animale. Donc je pense que, dans l’ensemble, la balance penche plutôt du côté positif grâce à ça.
Quelle a été la réaction la plus improbable d’un animal pour qui vous avez joué ?
Les perroquets, je pense, ont eu la réaction la plus improbable. Ils se sont mis à danser et à chanter avec moi ! Je ne m’y attendais pas du tout, c’était vraiment drôle d’assister à ça. Les girafes aussi m’ont surpris : on m’avait dit qu’elles étaient très craintives et qu’elles ne s’approcheraient pas et pourtant, elles sont venues au contact. C’était vraiment touchant.
Si les animaux pouvaient vous répondre en musique, quelle chanson choisiraient-ils ?
Je pense que, malheureusement, les animaux sont encore beaucoup maltraités dans le monde.. Alors, s’ils pouvaient répondre en musique, ce serait peut-être un appel à l’aide. Ce qui me touche, c’est qu’ils ont l’air de pardonner très facilement. Et quand je vois les vidéos des associations que je suis, tout ce qu’ils subissent, ça me fait vraiment de la peine. Je crois qu’une chanson comme Imagine de John Lennon leur correspondrait bien.
Si vous pouviez emmener votre guitare et un animal avec vous sur une île déserte, qui choisiriez-vous ?
J’aimerais bien emmener un cheval. Ce sont des animaux très curieux et très doux, et je ne le savais pas du tout avant. Une fois, une chaîne de télé voulait tourner une séquence avec des chevaux. J’avais un peu peur, mais je me suis forcé à y aller. J’ai découvert un animal bien plus doux que ce que j’imaginais. Depuis, je fais souvent des tournages avec des chevaux, c’est un peu devenu ma valeur sûre.
Quel est votre plus grand rêve aujourd’hui ?
Mon plus grand rêve, aujourd’hui, ce serait de continuer à partager ma musique et que ça touche vraiment les gens. J’aimerais aussi transmettre un message de douceur et d’amour envers les animaux, pour qu’ils soient considérés à leur juste valeur et mieux traités.
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